Chronique TERREUR NOCTURNE Solitude Post Mortem Par Victoria


 

TERREUR NOCTURNE

Solitude Post Mortem

Une berceuse disharmonieuse, une torpeur maladive, comme une boîte à musique cassée.

Sorti le 13 octobre 2023 sous le label Music Records, "Solitude Post Mortem" ravive la flamme d'un black atmosphérique aux sonorités dissonantes et à la production propre au genre. Avec ses 9 titres et ses 52 minutes, TERREUR NOCTURNE emporte l'auditeur dans un tumulte de nostalgie pour les amateurs du style.

Comme pour Kosmos, c'est Macchabée Artworks qui signe la pochette, troquant les tons incandescents de ce premier pour des teintes plus froides et nocturnes, vertes et noires. Le point de fuite figure une silhouette fantomatique sombre aux yeux luminescents et aux bras tentaculaires, sous une forêt au ciel étoile aux nuances bleutées. Au centre de l'artwork, une horde de spectres verdâtres aux visages apeurés, désespérés. Enfin, au premier plan, d'autres fantômes dont aux couleurs bleues, accrochés ou dissimulés derrière des tombes, dont un enfant spectral tenant un lapin en peluche. Avec cette pochette, nom du groupe et pochette de l'album sont visuellement identifiés.

Avec son premier titre "Hommage Post Mortem", débutant sur des bruits de pas, et suivi d'une mélodie dissonante à la guitare, on retrouve l'esprit d'une vieille cassette à la bande abimée. Tel qu'on aurait pu écouter cet album il y a trente ans, tant le retour aux sources est assumé. La voix est sépulcrale, les textes en français, les mots justement placés sur les mélodies pour laisser la place aux différentes ambiances. Le son est trouble. Les passages de guitares et basses esseulées sont parfois plus forts, ce qui donne un sentiment oppressant, comme pourrait l'être une terreur nocturne. La fin du morceau mêle chant guttural et voix litaniques, avant de reprendre la mélodie principale, et de se fondre en fade out.

"Précipices" reprend cette même idée de guitare en solitaire, à volume plus élevé, avant de reprendre le morceau complet. L'atmosphère y est plus épique, la mélodie plus enivrante. La batterie se fait véloce, les guitares et la basse féroces, la voix impitoyable.

Troisième morceau éponyme "Terreur Nocturne" joue la corde du black old school avec un son grésillant. L'effet sur la voix semble différent, avec des mélodies répétitives et saccadées, comme une sorte de stroboscope auditif. Sous un tempo effréné, la voix se fait démente, monstre atroce d'épouvante.

Les deux titres suivants reviennent sur un black atmosphérique plus lancinant, juxtaposant les mélodies et les ambiances. Au-delà de l'exécution bien menée de cet album, la plume est porteuse de sentiments contraires, contraste entre ce timbre macabre et ces paroles éplorées.

"Le Bal des Condamnés" marie davantage la voix et les instruments, prenant le même phrasé sur certains passages, dans une harmonie que les autres morceaux n'avaient pas encore proposé.

Avec "Malédiction Fantasmagorique", l'ambiance se fait à nouveau plus grésillante, plus dissonante, alternant les rythmes, continuant de plonger l'auditeur dans les ténèbres poisseux des cauchemars. Malgré une belle écriture de l'ensemble de cet album, un problème se pose pour moi : les paroles font partie intégrante de l'identité de chaque morceau, ajoutant des images sur les différentes mélodies, et on les discerne assez mal, ce qui, pour moi, retire une partie de l'expérience de cet opus.

Avant dernier morceau, "Tribulations" se fait bourbeux, plus dissonant encore, emmenant l'auditeur dans un tourment autre, dans un malaise. Les voix varient, les mélodies continuent leur dysharmonie, toujours dans cette impression de vieille cassette au son caractéristique.

Enfin, "L'Echo Muet de mes Plaintes" clôture cet album avec une intro montante. On y entend une sorte de vent glacé et des pleurs d'enfant (celui qui tient le lapin en peluche sur la pochette ?), auditeur contemplatif du récit lugubre du groupe. Les mélodies deviennent plus rythmées, plus entrainantes, entre montées et descentes qui peuvent parfois rappeler la descente baroque et grandiloquente du Fantôme de l'Opéra. Des chœurs viennent s'ajouter, en chapes, enrichissant le morceau sur la fin, avant de laisser la place aux guitares et à la voix principale seulement, ralentissant doucement et s'achevant sur dernière note mourante.

Le quatuor de TERREUR NOCTURE exécute un cauchemar éveillé, sinistre et désespéré, dont les ténèbres pesantes n'arrivent jamais à se dissiper. Un black atmosphérique aux influences nombreuses dont la somme fait toute l'originalité, mais dont les codes propres au genre ne passent pas inaperçus. A écouter avec les paroles sous les yeux pour profiter pleinement de l'univers tourmenté de TERREUR NOCTURNE.

Note : 4/6 - Très bon"

 

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