Live Report Thunder in the East par Aymerick


















 Un festival exclusivement Heavy Metal old-school, organisé pour la première fois, dans l'Est de la France, avec des groupes de la nouvelle génération, pas vraiment de grands noms pour attirer le fan lambda, 5 groupes pour 15€ ! Ce ne sont pas les arguments qui manquaient pour se rendre à cette première qui fera d'ores et déjà date tant le public a su répondre présent ! Comme quoi il existe encore un public qui se déplace pour une affiche 100% française, un énorme bravo au Pub Bar Chez Paulette et à Thunder In The East pour cette prise d'initiative et de risque, en espérant voir un public encore plus conséquent lors d'une prochaine édition puisqu'il semble que l'idée soit lancée.

En attendant, en arrivant peu avant 19h, c'est SULFATOR qui s'apprête à ouvrir les hostilités d'une soirée remarquable en tout point !

5 groupes, forcément, la soirée commence tôt et pourtant le public est déjà présent nombreux à attendre que les panneaux séparant le bar de la salle de concert s'ouvrent et que SULFATOR lance officiellement ce premier Thunder In The East. Le son est assez petit, et ce sera malheureusement le cas tout au long de la prestation du groupe Toulousain qui nous sert un Heavy Metal qui lorgne tout de même beaucoup plus vers un Technical Thrash Metal à la VOIVOID ou VEKTOR dont le chanteur porte un T-Shirt, d'ailleurs. Le groupe a publié un seul EP, Feed The Demon, en 2015 mais bien entendu, de nouveaux morceaux sont proposés pour un set d'une quarantaine de minutes, ce qui sera à peu près le temps de jeu de tous les groupes du soir. Le chanteur-bassiste, Pierre-Axel, a une voix qui se rapproche d'un grognement de Mille Petrozza ou de Dave Mustaine, et les guitares sonnent étonnamment petites et lointaines mais le groupe présente un potentiel énorme ! La surprise est totale pour moi qui ne connaissais pas ce groupe avant ce soir, ce Thrash Metal aux contours mélodiques, techniques est bien servi par des idées riches et variés. Un groupe à suivre de très très près, un petit trésor se cache peut-être du côté de Toulouse et pourrait éclater au grand jour lors de leur prochaine publication que l'on espère imminente.


En attendant, si des organisateurs veulent faire jouer ce groupe, ne vous gênez pas, SULFATOR est clairement un groupe de scène en devenir.


Après une petite pause, le temps de se remettre de cette première surprise, c'est STAR RIDER qui monte sur scène. De suite, on sent un groupe rodé à l’exercice du concert, le chanteur est parfaitement en place, fait interagir le public de façon régulière, et les guitaristes, le bassiste et le batteur assurent également le show visuel. Le Heavy Metal est là à la mode début des 80's et vise très clairement DEF LEPPARD et ses deux premiers albums, d'ailleurs Antoine de SACRAL NIGHT et Niels Bang d'ANIMALIZE feront une apparition sur une reprise des anglais. Une facette un peu plus Hard Rock, presque Glam, notamment dans les habits de scène des protagonistes, amène une variété à cette affiche de ce soir. Si vous pensiez voir défiler 5 fois le même groupe, c'est mal connaître la variété de la scène Française dans ce domaine et on y reviendra avec le show d'ANIMALIZE. Le groupe enchaîne les titres tantôt chantés en français, tantôt en anglais et les trois quarts d'heure de show du groupe passe tranquillement avec une nette amélioration du son au fur et à mesure que le concert avance. Les guitares sonnaient également petites sur le début du show mais rapidement, STAR RIDER a pris la place qui lui faut pour s'exprimer pleinement. Un très bon concert même si le style me parle moins que celui de SULFATOR, il est à noter l'aisance scénique des 5 gaillards, la capacité à proposer des titres variés tout en sonnant cohérent, un vrai bon groupe une nouvelle fois et le succès de leur stand merchandising en dit long sur leur pouvoir de convaincre le public qui ne les connaissait pas encore. Deuxième groupe, deuxième bonne surprise d'une soirée qui est définitivement lancée sur les chapeaux de roue !




Après une vision très old-school et primitive du Heavy Metal, c'en est une plus progressive et plus Power Speed Metal qui nous est offerte avec CRYSTAL THRONE. Les habits de scène, l'imagerie, le logo du groupe, tout indique effectivement que l'on a là un Heavy Metal plus proche des années 90 et 2000 qui déboule sur la scène de Chez Paulette. En son sein, il y a un guitariste qui fait du clivage pour ceux qui suivent un peu YouTube, Max qui a une chaîne sur laquelle il traite de divers sujets et en profite parfois pour tacler certains groupes, certains artistes avec une certaine malice. Du coup, il y a une espèce d'attente dans le public pour vérifier que d'une, l'homme n'en fait pas de trop, et de deux qui l'assume ses positions en étant irréprochable dans son jeu de guitare. Ben oui, c'est le revers de la médaille lorsque l'on fait ce genre de vidéos. De mon côté, je n'ai aucun à priori puisque je ne connais pas vraiment ses vidéos et le résultat du groupe est à la hauteur. Une sorte de croisement d'un Heavy Speed à la STRATOVARIUS mêlé à une approche plus progressive à la QUEENSRYCHE dont le groupe reprendra "Eyes Of A Stranger" issu de l'album Operation Mindcrime. Si certains avaient encore certains doutes, ils sont ici dissipés car s'attaquer à ce monument avec autant de classe, il faut savoir les poser sur le billard sans trembler ! Avec 45 minutes d'un show très maîtrisé, CRYSTAL THRONE montre un autre visage du Heavy Metal et Terry DeFire annonce qu'un deuxième album est en préparation avec la complicité de Max qui acquiesce. Voilà donc une suite à l'album éponyme devrait voir le jour avec un bassiste que l'on connait bien, Jeff, également impliqué dans les excellents CATALYST, et un nouveau batteur, Guillaume, ainsi qu'un deuxième guitariste, John Lemoine (ex-STEELOVER), pas moins talentueux que son compère, il enchaîne les solos avec brio et classe, une formation solide donc pour ce groupe de Metz, les locaux de cette première édition, dirons-nous. C'est visiblement sous l'impulsion de Terry que ce festival a vu le jour, bravo à eux pour cette prise de risque. En tout cas, les commentaires du public après le concert sont assez élogieux pour CRYSTAL THRONE, Max semble avoir conquis les plus pessimistes présents ce soir !


Changement de style, et pourtant on reste dans le Heavy Metal, mais plus teinté de Doom ici avec SACRAL NIGHT. Les Grenoblois ont de la bouteille maintenant et cela se voit sur scène avec un jeu très carré, très visuel également, le Heavy Metal se fait plus lancinant et plus ambiant mais pas moins percutant. Une mise en scène est travaillée et Antoine, le grand chanteur du groupe, arrive encapuchonné pour les 2 premiers titres avant de se libérer de cet habit qui doit être difficilement supportable en cette chaleur. Le groupe alterne entre les titres de leur dernier album en date, Le Diadème D'Argent, sorti en 2022 chez No Remorse Records ("Les Miroirs De La Lune", "Le Diadème D'Argent", "La Prêtresse De L'Atlantide" ou "Conquérant Des Lumières") et les sorties plus anciennes, y compris le premier EP, Darkness Process (2017) qui fait l'objet d'un discours d'introduction de la part d'Amphycion, le bassiste qui tient à le réhabiliter malgré les avis partagés du public quant à sa qualité (toujours d'après le bassiste). Avec un côté théâtral à la SATAN'S HOST ou HELL, notamment dans le chant d'Antoine et ses gestes amples, agrandissant encore sa corpulence déjà imposante naturellement de par sa taille, le groupe s'appuie sur un Heavy Metal sombre qui lorgne parfois sur MERCYFUL FATE, d'autres fois sur un Heavy plus prononcé à la JAG PANZER. Le style du groupe est épique mais pas inutilement allongé, le set du groupe passe à grande vitesse avec en guise de rappel la reprise de "Wild Child" de W.A.S.P., titre sur lequel Terry DeFire est invité au chant pour une nouvelle belle communion sur cette scène de Chez Paulette. Tout comme les groupes précédents, SACRAL NIGHT a su tirer son épingle du jeu en proposant une autre facette du Heavy Metal, alternant le chant anglais et français, basant son atmosphère scénique sur une noirceur et une solennité de tous les instants même lorsque le Heavy Metal se faisait plus direct. Excellent show des Grenoblois et étant le groupe que j'attendais le plus de cette soirée, je n'ai pas été déçu !


Pour finir, alors qu'une partie du public est parti, dommage mais c'est malheureusement chose courante désormais, le Metalleux est un couche-tôt, les survitaminés vont venir retourner littéralement le Pub Rock de Chez Paulette avec leur Heavy Metal très Speed. Le groupe arbore des habits très 80's pour coller à leur style qui nous rappelle également les ENFORCER par exemple, il suffit de voir que les Lyonnais sont signés chez Dying Victims Productions pour comprendre que cela va être old-school. Le groupe envoie un set ultra dynamique, survolté et là où on pouvait craindre qu'ANIMALIZE n'en fasse trop, notamment avec cette entrée en scène par l'extérieur alors que les fumeurs finissent leur tige de tabac, des sauts dans tous les sens, et le chant haut perché et toujours dans les tours de Niels Bang, mais il n'en est rien, c'est juste ce qu'il faut pour réveiller un public alors que le timing a pris du retard et oblige le dernier groupe a monté sur scène avec une demi-heure

de retard. On apprécie la justesse des propos du chanteur qui n'hésite pas à déclarer que le projet fou du Thunder In The East ne faisait pas preuve de confiance de leur part mais que la réponse du public fait plaisir à voir, de même les remerciements pleins de sincérité pour tous les protagonistes de cette soirée. Côté show, vous l'avez compris c'est Speed mais maîtrisé et le concours de solo de guitariste est également de mise, un jeu avec un katana, le mime de la décapitation du jeune guitariste Gabriel Rattlehead, dernier arrivé dans le groupe, et qui lâche du faux-sang par la bouche. Tout ceci peut paraître too-much mais étant donné la variété stylistique des groupes de Heavy Metal de la soirée, tout ceci passe plutôt bien et en plus c'est fait avec beaucoup d'assurance sans trop en mettre non plus, ANIMALIZE nous convainc sans mal de la qualité de sa vision très '80s et speed de son Heavy Metal. "Samouraï De L'univers", "Back From The Semetary" sont quelques-uns des dignes représentants de l'unique album du groupe, Meat We're Made Of, paru en juin 2022 alors que l'on apprécie "Chainsaw & Boomstick", "Sous L'oeil du Charognard" ou "L'Aigle De La Route" qui reprend le thème de "L'Aigle Noir" de Barbara en introduction et en outro du morceau avec un cœur totalement Speed Metal du plus bel effet. Le public a le sourire jusqu'aux oreilles, les groupes, les organisateurs, les patrons de Chez Paulette, tout le monde est satisfait de cette soirée haut combien réussie.


Encore un énorme bravo au Thunder In The East pour cette programmation très qualitative et qui montre bien les multiples facettes d'un style appelé Heavy Metal. On sera là pour un deuxième épisode si la confirmation se fait en espérant encore plus de monde Chez Paulette. En attendant, nous reviendrons dans ce Pub familial bien assez vite pour une affiche plus extrême mais toujours aussi qualitative. 



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Aymerick / ArickLM

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