Chronique SPECTRAL DAMNATION par Victoria


 

Sous les voûtes d'une cathédrale profanée, Spectral Damnation répand l'encens brûlé du black metal blasphématoire.

Dix titres sur l'autel du tourment composent "Extra Aecclesiam" (Hors Eglise) et puisent leur inspiration dans la critique acerbe de la religion, de son histoire et de ses préceptes.

La pochette de l'album, rouge sang, figure des silhouettes fuyantes au premier plan, à cheval, et coiffées d'un casque, mais faisant davantage s'arrêter l’œil de l'auditeur sur le centre de l'artwork : la représentation de la crucifixion en contre-jour, là où tout commence.  Spectral Damnation annonce d'ores et déjà la couleur du contenu de l'album, et il ne sera pas prosélytique.

Le premier morceau "Dawn" ouvre l'album avec une ambiance de bûcher ardent, ponctué de cloches d'église, de chœurs et d'orgues. La couleur écarlate de l'artwork revient donc immédiatement en mémoire. "Sulfur Dawn" et "Heylel Ben Shahar" amènent le contrepied de cette introduction, à grands coups de saturations de guitares et de blasts. La batterie mène ces morceaux avec violence et sans concessions, alternant les rythmes et les figures, bien que son son manque, à mon sens, un peu de profondeur.  Les arrangements orchestraux sont très timides mais soutiennent les mélodies, en fond, mais malgré tout présents pour celui qui saura prendre le temps d'écouter. Si le growl laisse parfois la place à des litanies, des chœurs ou des cris d'appel presque martiaux, il ne perd rien de son éloquence. "The Grand Annunciator" continue sur la lancée des harmonies de guitares qui caractérisent si bien le style.

Le cinquième morceau "Serpent on a Cross" est, à mon sens, le meilleur de l'album. Il se détache du reste par sa composition et ses arrangements plus affirmés qui en font un morceau de choix en milieu de disque pour apporter un nouveau souffle brûlant sur les braises du blasphème. Le son est d'ailleurs un peu plus en relief, laissant apparaître plus de graves au-delà de ceux de la batterie, et plus d'aigus avec les arrangements.

"Opaque Funeral", quant à lui, jouera sur des cordes d'instruments plus classiques et de chœurs religieux, qui seront ensuite repris dans leurs mélodies par les guitares. Plus posé, mais tout autant en accord avec le reste de l'album, il laissera la place à "Synodus Horrenda" qui, lui, ne se conçoit que dans la violence absolue. "Out of Control" qui lui succède lui ressemble tant et si bien qu'il est malheureusement difficile de différencier les deux morceaux.

Une fois que l'on pense tout connaître de Spectral Damnation, "Relics Ostension Ritual" vient surprendre l'auditeur. Le ton s'aggrave, les voix se font plus cruelles, l'odeur de souffre s'installe définitivement. Tout comme le dernier morceau éponyme qui offre des mélodies de guitares différentes, davantage mises en avant, mais qui finit singulièrement dans un fondu sonore entre blasts, saturations et arrangements qui tournent dans une boucle infernale. Ce qui donne un sentiment étrange à la fin de l'écoute. Quarante-huit minutes de violence pour finir dans l'effervescence...

Si le discours de Spectral Damnation est convaincant au travers de ses mots et de ses mélodies, la production est, à mon sens, trop linéaire et manque de "relief". Les instruments jouant sur les mêmes fréquences empêchent d'apprécier la richesse de la composition, noyant la voix, la basse et parfois la batterie sous les flots du déluge et qui, dans la tourmente, n'ont laissé d'autre choix à l'Arche de partir sans assez d'orchestrations, lesquelles apportent pourtant tant aux morceaux sur lesquels elles ont été utilisées.

Note : 🤘🤘🤘/ 6

Bon

Commentaires

Posts les plus consultés de ce blog

Chronique de WARFAITH par Aymerick

Interview STONED MATTER par HadiRien

Live Report DEAD HUNTERS - NOSTRONAUT le 27/01 par Aymeric